lundi 4 avril 2022

Manteau Tsar et manteau fillette Ottobre Design 4-2020


J'ai cousu mon premier manteau !!! Imagine ici une danse de la joie, venant conclure un marathon de couture qui s'est étalé sur plusieurs jours.



Mais pourquoi tant d'enthousiasme ? Je me permets de faire une petite parenthèse à l'attention de ceux qui me lisent et qui ne cousent pas :

La couture d'un manteau, c'est un peu comme être sélectionné la première fois en équipe de France quand tu es sportif, ou passer le Cap Horn la première fois quand tu es marin. Tu sais que tu en es capable, tu ne sais pas si tu vas y arriver mais quand ça marche : tu es certain d'avoir franchi une étape.

Autant dire que c'est avec un certaine fierté que je viens donc ici parler de ce projet... et que jamais encore je n'ai pris autant de photos d'une cousette.








J'ai longtemps attendu avant de me lancer. Déjà, de me sentir suffisamment à l'aise en couture. Puis, d'avoir une machine à coudre un peu plus costaud pour supporter les épaisseurs de laine. J'attendais aussi un opportunité pour l'achat du tissu. Le lainage c'est cher (20 euros le mètre pour les plus abordables) et il en faut au moins 3 mètres. Plus la doublure, le fil, les boutons, le thermocollant... et le patron. On peut vite monter autour des 100 euros pour un tel projet... Encore une raison pour ne pas se craquer.


J'ai donc attendu la fin de l'hiver, soit la période la moins propice à la couture d'un manteau pour faire des affaires. Les Tissus Myrtille ont fait en mars un destockage de dingue avec des remise jusqu'à 70%, peut-être même 80. J'ai donc acheté ce "lainage", qui disons le honnêtement contient assez peu de laine pure. J'ai eu les 3,5 m pour 21 euros ! Et mon coupon faisait en réalité plus de 4 mètres car il était taché (côté envers) et la vendeuse m'en a rajouté un bout en compensation. J'ai trouvé les 2 mètres doublure au même endroit, à 3 euros le mètre. Ce n'est pas une doublure classique mais un tissu un peu plus épais, légèrement extensible et parfaitement glissant pour l'enfilage. Cette épaisseur me convient et apportera une protection supplémentaire contre le froid. Et franchement, je la trouve tellement canon... Je regrette d'en avoir pas acheté davantage pour me faire une veste avec.



Pour le patron j'ai, sans hésiter, choisi le manteau "Tsar" de Maison Fauve de collection "Sew me ballets Russes" sortie à l'hiver 2020-2021. J'aime sa forme et la découpe avant originale. Et, surtout, ce patron est tout aussi adapté à un manteau qu'à un trench... J'aurai donc la possibilité d'en recoudre un pour un printemps.

Alors pour Tsar, il faut prévoir du temps... Je crois qu'il y a plus d'une quarantaine de pièces à décalquer, découper et assembler. Cela représente deux grandes planches A0... Il faut être méticuleux sur la découpe et prendre le temps de vérifier que tous les crans et repères de montage ont été reportés. Moi j'en ai oublié et c'est franchement galère de redéplier les planches après coup.

Pour le montage, j'ai suivi intégralement le tuto vidéo d'Emilie, la créatrice. C'est une grande première pour moi. En effet, je préfère généralement les indications des livrets papier car j'ai la flemme de mettre la vidéo en pause toutes les 2 minutes. Le livret de Tsar est très bien fait mais pour un projet aussi long et complexe qu'un manteau, j'ai choisi la vidéo qui montre toutes les étapes très clairement. Le montage du tuto suit les étapes de celles du livret (ce qui permet aisément de passer du support papier au film) et est très bien chapitré.



Pour Tsar, j'ai pris mon temps. Ca tombe bien, j'en ai en ce moment. J'ai même déplacé ma machine de l'atelier à la salle à manger pour profiter d'une meilleure lumière et de la place pour manipuler tous les morceaux et les grandes pièces. Le point le plus difficile selon moi est l'assemblage du col et les bracelets de manches. Non pas d'un point de vue technique car les pièces s'emboitent bien (si elles ont été coupées avec précision) et les nombreux crans de repères évitent les approximations. Non, la où c'est chaud, c'est sur les épaisseurs. Ma petite machine Brother Innovis A16 à parfaitement fait le job pour assembler toutes ces couches, parfois thermocollées. En revanche, très grosse galère pour les boutonnières. Je n'ai tout simplement pas réussi à les faire avec la fonction automatique. J'ai l'impression que ma machine n'était pas assez puissante pour entrainer tout le poids du manteau. J'ai donc fait les boutonnières à l'ancienne, en 4 étapes. Et forcement, elles sont moins clean. 

Les boutons ont été achetés chez Folie Fils, une petite mercerie de laine qui s'est ouverte dans ma commune. J'ai longtemps hésité avec des boutons en métal qui collaient parfaitement avec le style du manteau mais j'avais peur que cela fasse bizarre sur ce tissu framboise. J'ai même poussé le truc jusqu'à coudre les boutons à la machine, une grande première. Je ne sais pas pourquoi je me faisais tout un monde de ça. Je trouvais jusqu'à présent que c'était quand même pas compliqué de coudre un bouton à la main... et je ne voyais pas l'intérêt de le faire avec la machine... de sortir un pied spécial, de faire les réglages. Je trouvais cela aussi inutile que de passer des heures à paramétrer une commande vocale pour éteindre la lumière ou ta télé alors que cela prend deux secondes à faire soi-même en levant ses fesses du canapé. Mais ça c'était avant. 11 boutons à mettre, je me suis dit que c'était l'occasion d'apprendre à me servir de ce pied de biche spécial. Et franchement, c'est génial. Gros gain de temps (pas besoin de recouper le fil et de le renfiler à chaque fois), serrage parfait (avec suffisamment de latitude pour ne pas serrer les épaisseurs). Bon, faudra quand même que je potasse un peu car un des boutons s'est décousu le premier jour. 


Je n'ai fait aucune adaptation du patron. Coupé en 40, je pense qu'il est un poil grand au niveau de la carrure... mais le 38 aurait été juste pour le buste. Si je devais faire une suggestion à la créatrice, je rajouterai dans le tuto, des images détaillées du vêtement fini avant les étapes, pour montrer ce que l'on doit obtenir. Par exemple, je n'ai jamais cousu de "plis d'aisance"... je ne savais même pas ce que c'était avant. Il s'agit de plis dans la doublure qui permettent au tissu de bouger au gré des mouvements, sans subir de tension ni craquer. J'ai trouvé obscur de coudre ces plis sans savoir à quoi ils devaient ressembler une fois finis, malgré les explications de la vidéo et du livret.

J'ai vraiment le sentiment d'avoir progressé avec ce projet

- dans la précision de la découpe des pièces et report de repères de montage
- sur la compréhension des différentes pièces d'un manteau (poches, col...)
- sur la manière d'assembler tissu et doublure et avoir ces jolis finitions en bas de manches et bas de manteau
- sur le réglage de la machine (diminution de la pression du pied, fixation des boutons à la machine).

 


Mais ce n'est pas fini !

 





Comme évoqué plus haut, je suis repartie de chez Tissus Myrtille avec 4 bons mètres de ce lainage. Emportée dans mon élan, et surtout parce que je ne voulais pas encore stocker du tissu, j'ai décidé de faire un manteau pour la petite (à bas les chutes !). 

J'ai cherché un patron dans mes magazines et j'ai jeté mon dévolu sur ce manteau de la revue Ottobre Design 4/2020. Ce numéro là en particulier est absolument génial. C'est le cinquième modèle de cette édition que je couds, autant dire qu'il est amorti. (Pour ceux que ça intéresse, j'avais cousu un gilet et un chemisier, une tunique et une jupe en double gaze)

Ce manteau est prévu dans une laine bouillie, sans doublure et en laissant les bords intérieurs à cru (parmenture et bords d'ourlets). Mon lainage de s'effilochant pas, j'aurai pu suivre les indications. Mais, toute galvanisée du succès dans la réalisation de mon manteau Tsar, je me suis rajoutée quelques difficultés : réalisation d'un biais maison dans le tissu de ma doublure et gansage de la parmenture.

 


Je n'ai même pas suivi les indications de montage et je pense que ma méthode pour faire le bas du manteau et notamment des angles, est bien plus propre que celle préconisée par le magazine. J'ai également rajouté un petit revers sur les poches pour casser l'uni.

Les boutons sont les mêmes que pour mon manteau, dans une taille supérieure. Là encore, gros caprice de la machine à coudre qui n'a jamais voulu passer les boutonnières avec le mode automatique. J'ai donc dû les faire à l'ancienne en 4 étapes... avec plus ou moins de réussite.

Nous voici donc, mère et fille parfaitement assorties ! Alors, pour une fois, j'en suis venue à espérer que le froid dure un peu. Tel Johnny chantant "Retiens la nuit"... J'ai braillé "Retiens, l'hiver" en cousant... J'ai été exaucée puisque les températures repartent à la baisse. Nous pourront l'une et l'autre profiter de nos manteaux cette année. La petite un peu plus car le sien est non doublé et sera parfait pour les jours frais du printemps.

Alors voilà, on a fait plein de photos dans la joie et la bonne humeur. Ce post est bien trop illustré mais je n'ai pas réussi à choisir. (Merci à Ethan et Ludivine qui ont fait une grande partie de ces photos). Et si tu es arrivé au bout de cet article, scrolle encore un peu, il y a encore quelques photos sympas en dessous.